Charte de la MRIE
Finalités de la MRIE
La MRIE a été constituée officiellement en 1992, sous l’impulsion de personnes et d’acteurs collectifs habités par :
La volonté de lutter contre l’exclusion économique et sociale et la grande pauvreté, considérée comme une question centrale pour notre société
La conviction qu’il s’agissait là d’un chantier de longue durée impliquant la coopération de tous
Le besoin de créer un lieu permettant de prendre de la distance, de rencontrer d’autres acteurs, de réfléchir sur les processus et les solutions
La nécessité d’une action plus cohérente, pour plus d’efficacité entre tous les partenaires concernés
Elle est donc issue d’une histoire marquée d’abord par l’initiative d’associations de lutte contre la pauvreté, d’administrations et d’experts, puis par leur coopération dans un espace territorial pertinent, la région, enfin par un élargissement aux acteurs politiques et aux partenaires sociaux (patronats et syndicats). Ainsi la MRIE s’est-elle inscrite dès son origine dans un projet de société :
Une société démocratique, où chacun soit reconnu dans sa dignité de personne
Une société pluraliste, où chacun puisse trouver sa place
Une société juste, où l’accès aux droits soit le même pour tous les citoyens
Dans cette perspective globale, qu’est venu conforter la loi d’orientation de 1998 dans son article premier, la MRIE est engagée dans la lutte contre les exclusions, en particulier des personnes les plus défavorisées aux plans économique et social. Ses missions et sa déontologie lui font rechercher la participation pleine et entière de ces personnes à la vie de notre société. Pour cela, elle contribue à la conception de politiques et d’initiatives qui partent de leurs aspirations et valorisent leurs potentialités, ainsi qu’à la recherche de nouvelles modalités de citoyenneté et de responsabilité. Elle contribue également à la prévention des dysfonctionnements de la société dont ces personnes peuvent être les victimes.
Positionnement de la MRIE
Dans ce champ de la lutte contre les exclusions se trouvent engagés de nombreux acteurs et institutions :
D’abord, bien sûr, les personnes concernées elles-mêmes
Les pouvoirs publics (État et collectivités locales)
Les responsables et professionnels qui mettent en œuvre les politiques publiques
Les partenaires sociaux (chefs d’entreprises, syndicalistes, organismes paritaires)
Les associations avec leurs bénévoles et leurs professionnels
Des experts (chercheurs, formateurs, consultants) …
Chacun d’entre eux est porteur d’un type de connaissance et de pratique utile en ce domaine.
Loin d’être assimilable ou de se substituer à l’un de ces acteurs, la MRIE, qui est à la fois une association indépendante et un organisme assumant une mission de service public, se veut un espace partenarial de rencontre et de réflexion partagée au cœur de ce réseau afin, justement, de mieux répondre à certaines enjeux de la lutte contre les exclusions :
Repérer les phénomènes émergents, comprendre les processus
Permettre à chacun de prendre du recul par rapport à ses actions ou à ses analyses, de faire évoluer sa manière de voir
Développer une approche transversale, considérer les personnes dans leur globalité
Disposer de repères pour mieux agir et décider
C’est par rapport à ces enjeux, qui correspondent à des attentes communes aux différents acteurs, que se définissent les missions spécifiques de la MRIE.
Missions de la MRIE
Il s’agit d’informer au sens étymologique de ce terme, c’est-à-dire non seulement d’apporter des éléments d’information, mais de doter celle-ci de repères, d’une structure, d’un sens.
Cette conception large – mais traditionnelle – de la notion d’information implique pour la MRIE de :
Ne pas se limiter à faire circuler l’information sur l’exclusion, mais de la structurer autour de questionnements partagés
Mettre en lumière, au-delà d’une présentation brute des faits et des symptômes, des processus et des causes explicatives
Souligner, au-delà d’une information générale et synthétique, des phénomènes significatifs sans prétendre à l’exhaustivité
Dans cette perspective, la mission d’information assumée par la MRIE se décompose en quatre missions opérationnelles, qui découlent l’une et l’autre :
A la base, développer une connaissance régulière et actualisée des exclusions économiques et sociales qui affectent les différentes catégories de population
Puis engager une réflexion approfondie sur les phénomènes et les politiques, qui débouche sur des repères pour l’action, l’évaluation et la décision
Procéder ensuite à une large diffusion, y compris dans l’opinion, des enseignements et des recommandations issus de ses travaux, qui restitue la diversité des points de vue
Enfin, mener une action de sensibilisation des décideurs aux enjeux de la lutte contre les exclusions et à leur déclinaison opérationnelle, notamment en faisant remonter les constats et les préoccupations des acteurs locaux.
Déontologie de la MRIE
La réalisation de ces missions est enfin indissociable d’une éthique de travail qui s’incarne dans les principes suivants :
Un souci de rigueur méthodologique : à travers des analyses quantitatives et qualitatives et leur articulation, la MRIE cherche à développer une démarche de connaissance rigoureuse fondée sur la « mise en débat », c’est-à-dire l’expression et la confrontation de questionnements pluriels
Le croisement des connaissances : cette approche cherche à faire se rencontrer trois types de points de vue et d’analyses, celui des chercheurs et statisticiens, celui des acteurs et institutions engagés dans la lutte contre les exclusions, enfin celui des personnes concernées – en particulier des plus défavorisées
Un partenariat réciproque : dans la mise en débat organisées par la MRIE, chaque parole pèse du même poids – il n’y a pas de préséance, ni au profit des décideurs et experts, ni au profit des acteurs ou usagers ; il est important que chacun puisse, s’il le souhaite, s’y exprimer à titre personnel
L’ancrage dans l’expérience : enfin, un effort particulier est régulièrement engagé par la MRIE pour capitaliser des initiatives locales de lutte contre les exclusions faisant apparaître les capacités individuelles et collectives qui se révèlent dans l’action et pour mettre en lumière les difficultés concrètes des personnes défavorisées à travers des monographies et le témoignage de groupes de parole.
Assemblée générale du 28 juin 2001